grandbrassac

Voeux 2010

« O Ghel an Heu » (*)

 

La tradition s’est étiolée et c’est fort dommage… à l’avènement d’une nouvelle année il est rare aujourd’hui de s’embrasser sous une boule gui. On a bien tort d’avoir renoncé à cette antique coutume qui assurait infailliblement prospérité et longue vie. Pour ceux d’entre vous qui ne disposent pas d’une l’échelle permettant d’atteindre les hautes branches du chêne où s’accroche la plante sacrée des druides (qu’à l’imitation de ces derniers il convient de couper avec une faucille d’or) Christine et moi avons sélectionné cette image d’encyclopédie et ce texte du grand Pierre Lieutaghi. Ça devrait faire l’affaire pour peu qu’ayant collé au plafond  cette page vous enlaciez pour échanger d’affectueux, tendres, ou fraternels baisers  à la première seconde de 2011.

 

 

« Nul n’ignore le Gui. Partout ses boules vertes, étranges poissons-lunes venus d’on ne sait quelles eaux profondes du ciel, s’arrêtent en bancs sur les hauts-fonds des branches, s’installent et prolifèrent, peuplade aérienne dédaigneuse de la terre, alliée au monde cosmique bien plus qu’au terrestre prisonnier du cycle des saisons. Il jouit même, chez les moins rêveurs de nos contemporains, du trouble prestige que confère l’originalité véritable teintée d’une certaine perversité. Cette «  impression  », fut-elle fugace, qu’il ne manque pas de susciter chez celui qui, l’hiver, parcourt un pays de vallées où ses touffes, dans la cime des Peupliers, mûrissent leurs perles pâles, ne répond pas seulement à la survivance, dans le subconscient, des croyances attachées au Gui sacré : le Gui est réellement une plante anormale, l’une des plantes terrestres les plus étranges.

 

L’examen de sa biologie rend tout à fait compréhensible la vénération des pré-scientifiques à son égard : ils expliquaient par des mythes ce que les savants appellent des exceptions aux règles de la vie végétale et, peut-être, exprimées en termes de «  profondeur  », les conclusions des premiers sont-elles plus enrichissantes que les observations prétendues objectives des seconds… »

 

Pierre Lieuthaghi à qui nous empruntons ce court extrait de son passionnant Livre des Arbres Arbustes et Arbrisseaux publié chez Morel en 1969 rapporte que quelques matrones  de Picardie conservaient au début du XXème siècle l’habitude de suspendre du Gui au cou de leurs nourrissons pour les préserver de l’esprit malin. Dans l’éventualité de notre appartenance aux  « esprits malins » cette planche de gui devrait jouer pleinement son rôle prophylactique et vous pourrez ainsi vous lancer sans le moindre risque dans la lecture de notre prose régulièrement publiée sur la toile (http://argentine24.blog4ever.com ) que d’aucuns jugent parfois, empreinte de malignité !

 

 

(*)ce qui signifie littéralement langue celtique du pays de Galles  « Que le blé germe ». Cette expression deviendra au Moyen Âge « Au gui l'an neuf ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



24/12/2010
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