grandbrassac

Massacre à la tronçonneuse

Ancien bûcheron spécialisé dans l'abattage et l'émondage d'arbres dangereux, technicien agricole, Maître artisan Monteur-élagueur-débroussailleur certifié, Applicateur de produits phytosanitaires certifié, Jury professionnel en lycée horticole et centre de formation médico-professionnel agricole, Jean-Marc Millet qui fut aussi cadre responsable de gestion de domaine s'est installé, en 2001, dans la commune de Grand-Brassac où il travaille désormais, en compagnie de son épouse, la céramique et le bronze, les nouveaux matériaux de leur activité créatrice. Son atelier a été aménagé au cœur du hameau de Fonréal.

 C'est à proximité de ce lieu-dit que sur une vingtaine d'hectares, tout un massif boisé est actuellement saigné à blanc dans les pires conditions par un entrepreneur forestier uniquement préoccupé de rentabilité financière. Plus alarmant encore, cette superficie pourrait être triplée  et son exploitation entraîner, à court terme, la mutilation de quelques-uns des plus beaux paysages de la région saccagés par l'intervention d'engins inadaptés et l'abandon sur place des rebuts non valorisables. Ces pratiques répréhensibles sont susceptibles de faire encourir à leurs auteurs de sévères sanctions puisqu'une réglementation draconienne s'applique aux coupes supérieures à 4 hectares ou à 500 m3.   Pourtant, dans ce département où décidément, grâce au laisser faire, la loi ne fait pas la loi, chacun, sans vergogne, procède à sa manière … en toute impunité !

Jean-Marc Millet a voulu alerter les lecteurs de Beaufpointcom des déplorables conséquences de cette déforestation massive. Nous publions volontiers, ci-dessous, le texte qu'il nous a transmis.

                             Ch.C. le 15/2/2007

Depuis le début de l'année 2007, une entreprise d'exploitation forestière de la région démarche de nombreux propriétaires ou usufruitiers de parcelles boisées (en partie touchées par la tempête de 1999). Pour obtenir l'accord d'exploitation de leur parcelle, elle leur promet une replantation de leur bois totalement prise en charge par des aides diverses, inexistantes pourtant aux dires des élus locaux, après le débardage des troncs soi-disant destinés à la fabrication de pâte à papier, du fait de leur faible valeur présumée 

 Itinéraires de randonnées dévastés vers Fonréal (Ch.C)        

Les travaux ayant débuté en janvier, le résultat ne s'est pas fait attendre : la première parcelle d'1 ha 45 a été expurgée de tous les bois de troncs de bonne qualité, l'ensemble des souches non arasées, les branches, les têtes, les bois morts, les tronçons trop courts et les jeunes sujets écrasés, ont été laissés sur place dans un enchevêtrement indescriptible, mêlés à la boue des ornières dues aux passages répétés d'engins surdimensionnés pour ce type de chantier.

D'autres propriétaires ayant donné leur accord, la zone s'étend à présent sur une vingtaine d'hectares et sera vraisemblablement doublée voire triplée dans les semaines à venir. Certains d'entre eux, d'abord opposés au traitement de leurs parcelles ont finalement accepté par peur de futures tempêtes sur leurs bois désormais isolés.

Le chemin rural, balisé PDIPR (Plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées) (1), fréquemment utilisé pour des épreuves sportives réputées ainsi que par des randonneurs, a été complètement ravagé et la municipalité de Grand-Brassac n'a pu que déplorer le fait accompli à la veille d'une importante épreuve cycliste.

Certains propriétaires, qui ne s'étaient pas déplacés, ne connaissaient ni l'état sanitaire et physique de leurs parcelles, ni le volume des bois et leur valeur réelle ; prévenus de l'état de désolation de leur bien et après une visite sur place, ils pensaient que l'entrepreneur indélicat, pouvait, peut-être, nettoyer gratuitement !

Ces coupes à blanc de pinèdes, de chênaies, de châtaigneraies et de bois mélés, dont seulement 30% étaient réellement en état de chablis, ne pourront pas se régénérer seules dans ce champ de bataille où le peu de terre, en alternance de talus et d'ornières laissés par les engins, laisse apparaître la roche affleurante.

En l'absence de nettoyage suivi de renivellement des sols, de replantation de sujets reproducteurs feuillus et de résineux, seules les fougères et les ronces coloniseront l'espace parsemé de rejets de châtaigniers, eux-mêmes issus de souches versées ou d'arbres tronçonnés au Timber-jack à 1 ou 2 mètres du sol ( c'est à dire condamnés d'avance à la verse et à l'éclatement ! )

Économiquement, sur un marché saturé par l'offre, il est irresponsable de sacrifier des arbres sains (à l'exception des résineux, peut-être !) alors que nombre de chablis exploitables ne sont toujours pas purgés depuis la tempête de 1999.

Ces bois abritaient de nombreuses espèces animales et particulièrement des oiseaux  (bécasses, palombes, geais des chênes, huppes faciées, coucous, buses, pic-verts, chouettes, busards Saint-martin etc…) mais aussi une importante colonie de cigales.

À ce jour, personne parmi la dizaine de propriétaires n'a manifesté la volonté de replanter ! Sous prétexte de droits privatifs et de rentabilité immédiate dérisoire ils seront la 1ère génération à détruire un patrimoine universel tout en spoliant leurs propres enfants de la nature dont ils ont bénéficié.

On assiste ici même, dans une région Française dépeuplée où des migrants nationaux ou internationaux, élisent domicile ( en amenant avec eux leur famille, leur travail, leur passion de la ruralité,  en apportant leurs contributions sociales et professionnelles, maintenant ainsi un minimum de structures et de services publics utiles à tous) à des pratiques que d'aucuns condamnent lorsqu'elles se produisent en Afrique ou en Amérique Latine !

Jean-Marc Millet « Fonréal » 24350 Grand-Brassac tel : 05.50.90.02.68

(1) Autant pour le propriétaire privé que pour la commune, l'inscription d'un chemin au PDIPR a l'inconvénient de représenter un coût financier (charge de l'entretien). Ce coût peut être compensé par une prise en charge du Conseil Général, encore faut-il que ce dernier s'en donne les moyens, notamment en décidant de lever la Taxe Départementale des Espaces Naturels Sensibles.
Encore une fois, s'agissant de la restauration des sentiers dégradés de Grand-Brassac, les contribuables en seront de leur poche ! (ndlr)

! (ndlr)



29/05/2007
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