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Affaire Zoé Shepard : SUD prend parti pour l'auteur
Le syndicat a distribué hier vendredi des tracts devant l'hôtel de la région Aquitaine, reprochant au président de la collectivité, Alain Rousset, de porter atteinte à la liberté d'expression.
Le 30 août dernier, Alain Rousset, le président duConseil régional d'Aquitane a infligé 10 mois de suspension, dont 6 avec sursis, à Aurélie Boullet, une des fonctionnaires de la collectivité qu'il préside. La jeune femme a été sanctionnée pour avoir manqué à son devoir de réserve, en écrivant sous le pseudonyme de Zoé Shepard un pamphlet sur les errements d'un service d'une mairie de province.
Au début du mois de septembre, Me Delphine Krust, l'avocate d'Aurélie Boullet, a déposé une requête pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif de Bordeaux. L'affaire ne devrait pas être examinée avant plusieurs mois. Le temps que le soufflé retombe ? Rien n'est moins sûr. Alain Rousset n'en a sans doute pas fini avec Zoé Shepard. Hier matin, contre toute attente, ce sont les militants du syndicat SUD des collectivités territoriales de la Gironde qui ont remis le couvert.
Liberté d'expression
Postés devant les différentes entrées de l'hôtel de région, ils ont diffusé un tract qui n'a apparemment suscité aucune réaction de rejet. Plusieurs salariés du Conseil régional ont même immédiatement engagé la conversation avec les syndicalistes.
À l'inverse des représentants de la CGT, d'une rare discrétion au moment où ils avaient assisté Aurélie Boullet devant le conseil de discipline, les membres de SUD lancent publiquement le débat sur le thème de la liberté d'expression.
« La punition infligée est contraire à ce principe de base, affirme les auteurs du tract. Pour les fonctionnaires, si le devoir de réserve est une jurisprudence, la liberté d'expression est un droit fondamental. Manifestement, Alain Rousset n'a pas lu Voltaire et n'a pas fait sien ses mots : " Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrais jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." »
Terres de mission
SUD conteste aussi la façon dont fonctionnent les instances disciplinaires des collectivités locales. « Ainsi, le patron - pardon l'exécutif - peut en amont proposer une sanction, composer une bonne partie du conseil de discipline, et, en aval, s'asseoir sur l'avis donné pour prononcer la sanction définitive de sa seule prérogative. Tout ceci doit être réformé en profondeur et Alain Rousset en législateur avisé pourrait s'y atteler. » Ce n'est pas la conséquence la moins inattendue du feuilleton Zoé Shepard. La fonctionnaire rebelle amène SUD aux portes du Conseil régional, où il n'est pas pour l'instant représenté. Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour Alain Rousset. Majoritaire au sein du personnel Conseil général de la Gironde, l'organisation est devenue aux yeux de beaucoup le seul véritable contre pouvoir à Philippe Madrelle.
Tous les trimestres, élus et chefs de service tremblent lors de la sortie du « Hérisson », un « Canard enchaîné » miniature qui fait le buzz dans les couloirs. Au moment où la réforme territoriale annonce un rapprochement entre régions et départements, SUD, dans le sillage de Zoé Shepard, a manifestement envie d'investiguer de nouvelles terres de mission.
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